Tous les jours, nous utilisons notre téléphone, appareil détenant nos données personnelles qui sont de véritables marchandises détenues par les nouveaux empires du monde : Google, Apple, Facebook. Découvrez comment ces entreprises sont aujourd'hui devenues les nouveaux empires du monde moderne.
Comme vous, chaque jour, j’utilise mon téléphone, mon ordinateur. Ces nouvelles technologies vont partie de ma vie. Grâce à elles, je m’informe, je communique, j’ai accès à mes comptes. J’utilise une dizaine d’applications. Dans mon téléphone, je stocke presque toute ma vie, mes habitudes sans jamais trop me poser de questions. Le plus étonnant, c’est que la plupart de ces services sont en accès libre, presque tous gratuits, du moins c’est ce que nous croyons. Car, en réalité nous payons ces services, à chaque clic, lors de chaque utilisation avec nos données personnelles. Elles deviennent une source sans fin d’utilisation pour ceux qui les récupèrent et les vendent très très chères.
Nos données numériques sont stockées dans un data center où des serveurs informatiques et des disques durs qui tournent 24h sur 24. Ils conservent toutes les traces que vous laisser via vos objets connectés ou encore vos mails. Tous ce qui passe par Internet, ne disparaît pas dans la nature. Tout est enregistré et stocké dans ces lieux tenus secrets. Vos données personnelles sont donc conservées. Mais, des données qualifiées d’ultra-sensibles, particulièrement celles portant atteintes au nom du bien commun, elles, sont enregistrées à 25 mètres sous terre dans un abri anti-atomique, un espace ultra-sécurisé. Mais les nôtre, celles qui concernent notre vie quotidienne, à qui appartiennent-elles réellement ? Découvrez qui se cache derrière cette incroyable révolution technologique et qui détient aujourd’hui une grande partie de votre vie, de ces bases de données. Une histoire passionnante et troublante. Celle de petits génies de l’informatique devenus en quelques années des héros milliardaires pour toute une génération et qui sont pour beaucoup devenus les maîtres du monde moderne.
L’image qui a fragilisé cette histoire est celle de Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, devant
le Congrès Américain en avril 2018. Il était soupçonné d’avoir influencé l’élection du Président des États-Unis Donald Trump. Il semblait pâle, inquiet, impressionné. Mais, que risquait-il
vraiment ? C’est ici que commence cette histoire, à un moment où les géants du numérique ont révélé leur puissance tant au monde politique qu'au monde civil.
Le
9 avril 2018, le PDG de Facebook Mark Zuckerberg doit s’expliquer devant le Congrès Américain au sujet de l’exploitation de données personnelles
détenues par sa plateforme. Des données qui auraient permis d’influencer l’élection américaine. Les données de 87 millions de personnes ont été récupérées depuis Facebook pour un seul
objectif : faire gagner la campagne Trump. Les enjeux de cette audition sont cruciaux, des enjeux financiers et de confiance vis-à-vis de deux milliards d’êtres humains qui utilisent cette
plateforme. Facebook a bradé notre vie privée, le tissu de nos vies, nos interactions, nos envies pour gagner de l’argent et du pouvoir. Le créateur de Facebook cultive la discrétion, pourtant ce
jour-là, il doit s’exprimer devant les caméras du monde entier. Âgé seulement de 33 ans, il incarne cette génération de jeunes entrepreneurs qui, en quelques années à peine, ont bâti de
véritables empires qui aujourd’hui défient les états eux-mêmes. Mark Zuckerberg seul face aux députés américains. L’image est forte. Elle témoigne du pouvoir grandissant des géants de l’industrie
du numérique qui tiennent entre leur main les clés du monde moderne.
Les pionniers : Apple et Microsoft
Une fois par mois, au Sud de San Francisco, tous les passionnés d’informatique se donnent rendez-vous dans les locaux de l’univeristé de Stanford. Des informaticiens amateurs viennent de toute la région pour échanger leurs connaissances et présenter leurs dernières inventions. La plupart de ces informaticiens travaillaient chez eux, dans leur garage. Il n’y avait pas de marché, personne ne s’intéressait vraiment à ces technologies.
Ce jour-là, deux inventeurs vont venus présenter un prototype d’ordinateur individuel. Le premier s’appelle Steve Wozniak ; il a 25 ans et travaille une entreprise locale qui fabrique des calculatrices. Le deuxième s’appelle Steve Jobs ; il a 20 ans et travaille dans une société de jeux vidéo. Ils sont amis d’enfance. Personne n’imagine que ces deux inconnus s’apprêtent à révolutionner le marché de l’informatique jusque-là contrôler par de grands groupes industriels comme le géant IBM. Cependant, ces deux petits génies ont bien réussi à créer un ordinateur individuel, le premier du genre. Ils l’ont surnommé « Apple » - « la pomme ». Destinée à un public amateur, leur invention attire immédiatement l’attention d’un revendeur local Paul Terrell. Ce dernier sent le potentiel de cette machine, aussi performante qu’un ordinateur industriel, mais accessible à n’importe quel passionné d’informatique. Un ordinateur public, personne n’y avait encore pensé. Le revendeur local leur propose un chèque de 25 000 dollars en échange de 50 unités qu’il commercialisera dans sa boutique. Steve Jobs est ravi mais Wozniak s’y oppose. Son invention n’est pas à vendre. Jobs a le dernier mot, ils prennent les 25 000 dollars et se lancent dans la fabrication des ordinateurs.
Durant l'été 1975, les deux jeunes achètent tous les composants et commencent l’assemblage dans le garage des parents de Steve Jobs avec l’aide de quelques amis. C’était l’ébullition 24 heures sur 24. Ils travaillaient jour et nuit, ils vivaient comme des « hippies », dans le garage sur le canapé ou sur le sol. Cette aventure montre à quel point ils ont été dépassés par leur invention : les deux Steve ont dû quitter leur foyer pour s’installer au fond d’un garage. Il y a aussi une certaine forme d’humilité : ils ne mesuraient pas l’impact de ce qu’ils étaient entrain de fabriquer. Un mois plus tard, l’assemblage des 50 ordinateurs est terminé. Ils sont prêts à être vendus par Paul Terrell.
« Le jour où ils m’ont livré, on pouvait voir dans leurs yeux qu’ils n’avaient pas dormi depuis de nombreux jours. », Paul Terrell
Le revendeur va avoir une surprise : l’ensemble des ordinateurs a été assemblé dans des boîtes à pizza. Malgré l’amateurisme de cette première création, le premier Apple rencontre un succès immédiat et les commandes se multiplient.
En avril 1977, au siège d’Apple, leur petite entreprise n’a cessé de croître. Elle compte désormais une quinzaine d’employés et s’est offerte de véritables bureaux à la Silicon Valley. Les deux Steve se sont répartis les rôles. Jobs s’occupe du design et du marketing. Quant à Wozniak, il gère la conception et l’innovation. C’est d’ailleurs lui qui est entrain d’achever la programmation de leur nouvel ordinateur l’Apple II. Quelques jours plus tard, l'Apple II est présenté à la première foire informatique de la côte ouest. Ce nouvel ordinateur devient aussitôt l’attraction du salon. A 27 ans, c’est la consécration de Steve Wozniak, dans la communauté, tout le monde sait qu’il est l’inventeur de l’Apple II. Mais, Steve Jobs n’a pas l’intention de rester l’ombre de son meilleur ami. Il a plus d’ambitions et d’indéniables talents d’orateur ; il va rapidement s’imposer. En 1980 soit trois ans plus tard, plus de 100 000 unités d’Apple II ont été vendues à travers le monde. La compagnie est devenue une multinationale. Pour la presse, un seul homme incarne cette success story : Steve Jobs.
A ce moment-là, en 1980, Jobs se retrouvait seul à la tête de l’entreprise. Le patron d’Apple a déjà en tête les améliorations à apporter pour que sa machine touche le plus grand nombre. Steve annonce que tout a changé : chaque américain pourra avoir une petite boîte qu’il lui permettra de faire plein de tâches personnelles. C’est une vision radicalement nouvelle ! Steve Jobs pensait qu’une révolution informatique était en cours et qu’il en était le précurseur. Jobs a été visionnaire. Le problème de l’informatique grand public à l’époque était qu’il faut être capable de créer des lignes de code pour ordonner des tâches à sa machine. Simplifier la manière de communiquer avec son ordinateur, c’est l’enjeu de son nouveau prototype : le Macintosh. Ne sachant pas taper des lignes de code, les gens préfèrent utiliser un ordinateur de façon simple en cliquant sur des images à l’écran. Cette innovation, Jobs l’a empruntée à un laboratoire de recherche concurrent : la société Xerox qui vient d’inventer une nouvelle manière de communiquer avec l’ordinateur, l’interface graphique. Pour fabriquer sa propre interface, Steve Jobs cherche un programmeur en juillet 1980. Il entend parler d’un certain Bill Gates, un génie de l’informatique âgé de 25 ans qui a fondé sa société Microsoft. Bill Gates trouvait Steve Jobs fascinant. Ce dernier voulait que Microsoft ait le même succès d’Apple. Jobs prévient Bill Gates sur l’avenir de l’informatique : l’interface graphique. Steve Jobs dit à Bill Gates : « Si vous ne profitez pas de cette opportunité de vous joindre à nous, vous restez sur le bord de la route. » Bill Gates a ainsi signé et a développé des logiciels pour le Macintosh.
Ce projet d’ordinateur personnel accessible à tous excite les marchés financiers. Apple vaut désormais 2 milliards de dollars après son introduction en bourse. Les fanatiques d’informatique pariaient sur l’avenir lorsqu’ils achetaient des actions dans Apple. Une frénésie qui va attirer l’attention du géant de l’informatique IBM. L’ordinateur personnel, c’est indéniablement l’avenir. La compagnie se lance alors l’aventure dans sa toute puissance commerciale. Pour remporter cette guerre, Steve Jobs a deux atoûts majeurs. Le premier : c’est un sens inné du marketing. Lorsqu’il présente le Macintosh la première fois à Hawaï le 22 octobre 1983, il ne vend pas seulement une machine. Il vend un état d’esprit. A travers ce discours, Steve Jobs, avec son côté « gourou », montre que ses produits font partie d’un mythe, à une culture, à une vision du monde : « la culture Apple ». Le deuxième atout de Steve Jobs, ce sont les logiciels que Bill Gates est entrain de créer pour lui. C’est ce qui devrait être la principale différence avec l’ordinateur d’ IBM. Ce jour-là d’octobre 1983, Steve Jobs va mettre à l’honneur le travail de Bill Gates devant toute l’équipe d’Apple, et Bill Gates vient de venter avec enthousiasme l’ordinateur de Steve Jobs.
Mais, ce que tout le monde ignore, c’est qu’en parallèle Bill Gates développe une interface graphique pour son concurrent direct IBM : une interface plus connue sous le nom de Windows. Un mois plus tard, la trahison éclate au grand jour. Le système d’exploitation Windows est presenté à la presse. Cette invention Microsoft équipera les PC d’IBM. En novembre 1983, Steve Jobs est furieux, il sent trahi. Il convoque Bill Gates au siège d’Apple, mais il est déjà trop tard. Pourtant, Bill Gates n’avait signé aucun contrat d’exclusivité. Pas de contrat, pas de cadre légal, Steve Jobs n’a pas été assez prudent, il s’est fait volé son idée. Apple est obligé de maintenir son partenariat avec Bill Gates pour avoir ses logiciels sinon le Macintosh ne serait qu’une coquille vide. Le 24 janvier 1984, le Macintosh d’Apple est enfin commericalisé. Mais, il est trop tard. IBM a inondé le marché avec ses PC Windows et remporte haut la main la guerre de l’ordinateur grand public. Le Macintosh a connu un succès critique, mais ce fut un échec commercial. En 1985, Steve Jobs, affaibli, démissionne de sa propre compagnie. Depuis son introduction en bourse, il a perdu tout pouvoir de décision. Bill Gates est devenu le maître incontesté de cette nouvelle ère de l’informatique. Son système Windows est devenu la norme mondiale.
En démocratisant l’ordinateur, Bill Gates et Steve Jobs sont devenus des légendes. Ils incarneront à jamais les pionniers de la révolution digitale. Ce n’est que le début de cette révolution. Dans les années 90, une autre innovation va transformer notre vie quotidienne : la démocratisation d’un réseau, Internet. Un réseau créé dans les années 1960 pour les communications de l’armée américaine devient accessible au grand public. Mais, les outils pour l’utiliser sont trop nombreux et complexes. Deux étudiants et un entrepreneur américains ont trouvé un moyen de rassembler et de simplifier ce service.
La révolution Internet : Google et Facebook
A l'université de Stanford, en août 1995, à la rentrée universitaire, Sergeï Brin, brilliant étudiant en master d’informatique d’origine soviétique, est chargé de présenter le campus aux nouveaux élèves. Sa famille est arrivée aux États-Unis quand il avait 6 ans afin de lui ouvrir des opportunités. Son père était juif et avait souffert de l’antisémitisme. Dès son arrivée aux Etats-Unis, il devient professeur. Parmi les nouveaux étudiants, un certain Larry Page, originaire du Michigan, fils d’universitaire, arrive à Stanford la tête plein de projets. Larry voulait changer le monde. Durant son enfance, il imaginait qu’un jour les voitures rouleraient sans chauffeur et avec une meilleure organisation. Ce jour-là, à la rentrée, les deux étudiants font connaissance et se découvrent de nombreux points communs. Tous les deux viennent d’un milieu aisé et se questionnent sur le futur. Larry Page et Sergeï Brin ont 22 ans et ils vont devenir inséparables. Ils sont des passionnés de technologies et s’intéressaient à des choses totalement folles comme les lasers de l’espace. Page veut participer au mouvement de la société. Pour lui, le changement majeur est celui le développement d’Internet. Il est persuadé qu’un jour toute la connaissance humaine sera accessible sur le réseau s’il en facilite l’accès. Alors, pourquoi ne pas créer un serveur qui centraliserait toutes les données circulant sur le Web ? Pour construire le boîtier de leur serveur, ils ont utilisé des LEGO. Ils ont dit à leur professeur de Stanford qu’ils allaient télécharger tout Internet et le rendre consultable. Le professeur a rigolé : il jugeait cette idée totalement folle. Même si le Web était plus petit qu’aujourd’hui, c’était irréalisable, trop vaste et trop désorganisé. Page et Brin ont persévéré et essayé. Ranger Internet pour n’importe qui puisse y accéder nécessitait de plus en plus de puissances informatiques. Cela coûtait très cher. Ce n’était pas un problème pour leur secteur. Le gouvernement américain a décidé d’investir dans ces nouvelles technologies.
En février 1996, le président Bill Clinton a signé la loi sur les télécommunications de 1996 lors d'une cérémonie à laquelle ont assisté des dirigeants bipartites et des administrateurs des télécommunications. Plus d’ennemi, fin d’un monde bipolaire, la nécessité de financer la technologie militaire a diminué. Ce qui a libéré des budgets pour soutenir d’autres secteurs. Le gouvernement américain a décidé de soutenir Internet et leur a permis de construire le nouvel horizon économique de leur pays. Pour faire d’Internet le nouveau moteur économique du pays, le gouvernement veut donner tous les moyens nécessaires à la recherche universitaire. Cette loi était une décision qui avait un double objectif : soutenir l’armée, la science et ouvrir des perspectives de croissance économique. Les subventions étaient reversées au mérite selon le principe de méritocratie. Seules les meilleures idées et les meilleurs chercheurs obtenaient des financements. Une compétition s’est ainsi créée pour obtenir ces fonds. Le département informatique de Stanford dispose de 24 millions de dollars pour financer les projets de ses étudiants. Larry et Sergeï obtiennent ainsi rapidement les fonds pour développer leur idée. De plus, leur projet est sponsorisé par un consortium d’agences gouvernementales. Ils rassemblent alors une grande somme d’argent.
Au bout d’un an de recherche, ils finissent par trouver la formule mathématique capable de classer toutes les informations circulant sur la Toile. Ils la font tester à leur professeur. Ce test positif est la consécration d’un projet surnommé « BackRub » qui permet de classer au maximum les résultats de recherche. Le nom de cette invention est suggéré par l’un de leur ami : « Google », une référence à un terme informatique qui signifie le nombre 1 suivi de 100 zéros. Le moteur de recherche Google est testé dans l’université. Il connait un succès fulgurant. Mais, Larry et Sergeï voient encore plus grand. Ils ont loué un garage par 1700 dollars par mois. Ainsi, le 7 septembre 1998 en Californie, Larry Page et Sergeï Brin créent leur propre compagnie dans un garage, comme Steve Jobs 20 ans plus tôt. C’est d’ailleurs au même moment que le fondateur d’Apple fait son grand retour dans la Silicon Valley, en partageant sa vision de l’avenir.
Larry et Sergeï comprennent qu’ils vont devoir intégrer le monde des affaires. Ils ont lu des livres sur le business. Six mois plus tard, Larry et Sergeï décrochent un rendez-vous avec des financiers en avril 1999. Ils savent qu’il ne faut pas reproduire l’erreur de Steve Jobs. Ils doivent convaincre les investisseurs sans perdre le contrôle de leur société. Les investisseurs leur proposent de racheter Google 25 millions de dollars. Personne ne refusait une telle offre… Les créateurs de Google avouent qu’ils n’ont besoin de leur argent. Ils ont d’autres solutions. Pris de court, les financiers acceptent de signer le chèque tout en laissant le contrôle de la société à leurs fondateurs. Quelques mois, Page et Brin quittent leur garage et emménagent des bureaux flambants neufs. A 25 ans entourés de leur équipe, ils fêtent leur nouvelle vie de chefs d’entreprises et de millionnaires. Qui pourrait alors imaginer à ce moment-là que cette jeune start-up aller conquérir le monde en à peine 3 ans. En 2000 et 2001, le moteur de recherche Google écrase tous ses concurrents aux États-Unis et en Europe. Il conquiert les marchés asiatiques, puis le reste du monde. Ainsi, Google a été l’un des plus grands bouleversements technologiques jusqu'à être de nos jours le premier moteur de recherche du monde.
Aujourd’hui, tout le monde peut avoir accès immédiatement aux flux d’informations qui circulent sur le net. Notre rapport au savoir ne sera plus jamais comme avant. Cette révolution Internet n’en est qu’à ses débuts. Certains vont lui trouver d’autres fonctions, et notamment dans le domaine de la communication.
Un monde connecté : Facebook
En octobre 2003, Divya Narendra, un étudiant en dernière année à Harvard, travaille depuis plusieurs mois sur un projet de site Internet. Une sorte d’annuaire des étudiants de l’université, grâce auquel ils pourraient se mettre directement en relation. Pour mener à bien ce projet, il a besoin d’argent, alors il s’est associé à deux éudiants appartenant à la classe aisée de sa promotion : les jumeaux Tyler et Cameron Winklevoss. Ils ont le concept et les moyens financiers. Mais, ils leur manquent l’essentiel : le savoir-faire. La solution est peut-être dans la gazette de l’université. Un étudiant de première année vient de faire scandale avec un site Internet créé en une nuit : Facemasch. Le but de ce site était de noter le physique des étudiantes de première année. En plus, le créateur a réussi à pirater les serveurs de la faculté pour voler les photos des étudiantes. Ce génie de l’informatique s’appelle Mark Zuckerberg. Pour Narendra et les jumeaux Winklevoss, Mark Zuckerberg semble être le candidat idéal pour s’occuper de la programmation de leur réseau social. Ils décident de le rencontrer. Il découvre un jeune homme au look banal et peu bavard, deux mondes les séparent. Dès les premiers échanges, Zuckerberg montre sa maîtrise du sujet. Les jumeaux Winklevoss et Divya Narendra comprennent qu’ils ont trouvé leur programmeur. Quant à Mark, il a l’air très motivé par leur projet, il s’engage à le développer. Le soir même, Zuckerberg se met au travail, mais il se rend compte rapidement que le concept de base est assez limité. Pour lui, il y a beaucoup mieux à faire. Zuckerberg déteste travailler sous les ordres des autres. Il a tranché et il a trouvé un meilleur nom pour l’application : The Facebook. Pendant 4 mois, jour et nuit, il travaille sans relâche. Il veut mettre en ligne son site le plus rapidement possible avant que ses associés ne se rendent compte de sa trahison. Zuckerberg veut être le seul, et surtout le premier à proposer un réseau social à Harward. De toute façon, il considère qu’il ne doit rien à ces camarades, étudiants de dernière année.
Le 4 février 2004, Mark Zuckerberg met en ligne The Facebook, uniquement accessible aux étudiants d’Harvard. Tout le monde parlait de ce site Internet sur le campus d’Harvard. En quelques mois, le réseau social se répand dans la plupart des grandes universités américaines, et Mark Zuckerbeg devient la nouvelle coqueluche de l’industrie informatique. L'interview télévisée du jeune Zuckerberg sur la chaîne CNBC est remarquéé par Sean Parker, un entrepreneur de 24 ans. A cette époque, Sean Parker est ruiné, attaqué en justice par l’industrie du disque suite à un projet, et il cherche un nouveau projet pour rebondir. Parker rencontre Zuckerberg le lendemain à New York. Il a tout de suite perçu le potentiel international de Facebook et veut aider le jeune étudiant d’Harward à le développer. Parker va aider Zuckerberg à monter sa société et à trouver des investisseurs. Il lui conseille de quitter le côte Est pour s’installer à la Silicon Valley, et de rebaptiser sa plateforme Facebook. Durant l'été 2004, l’action Google est cotée en bourse. La société de Page et Brin vaut plusieurs dizaines de milliards de dollars. En 2006, cette success story fait rêver Mark Zuckerberg. Mais, pour que Facebook devienne aussi puissant que Google, il doit élargir son audience. En à peine un an, le réseau compte plus de 58 millions d’utilisateurs, un succès qui attise les convoitises de Microsoft, Google ou encore Yahoo qui sont prêts à mettre des millions sur la table pour acheter Facebook. Mais, Mark Zuckerberg assume à refuser une à une les offres de rachat. Porter par cette ambition, et cette réussite insolente, Zuckerberg reste seul à la tête de Facebook, car le jeune homme a un projet qui dépasse le succès commercial. Il pense pouvoir modifier les relations humaines en connectant tous les habitants de la planète entre eux.
Ces jeunes entrepreneurs du monde du numérique ont la puissance financière, ils contrôlent les outils de communication et les flux d’informations. Ils ne leur restent plus qu’un seul grand pouvoir à conquérir : le pouvoir politique. En novembre 2007, un candidat à l’élection présidentielle vient chercher du soutien dans la Silicon Valley, le sénateur démocrate Barack Obama.
Au sein du pouvoir
Au Siège de Google, le 14 novembre 2007, le sénateur démocrate Barack Obama se révèle être apprécié par les gens de la Silicon Valley. Ils étaient séduits par ce leader d’un nouveau genre, un homme jeune et progressiste qui comprenait Internet que n’importe quel autre candidat à l’élection présidentielle. Barack Obama est en opération séduction. Il est ici pour lever des fonds auprès des fondateurs de Google. Barack Obama souhaitait de rapprocher de l’ère Internet. Le candidat dans la course à la Maison Blanche est conscient que cette révolution numérique est en marche. Sa modernité et son approche technologique ont séduit la Sicilion Valley et ils sont devenus naturellement ses soutiens les plus importants. L’opération séduction a fonctionné. En effet, Barack devient le favori des géants de l’Internet dans la course à la Maison Blanche. Il collectera au total plus de 9 millions de dollars dans la Silicon Valley. Ce partenariat lui offre de puissants outils technologiques pour mener à bien sa campagne conçue autour de la domination d’Internet. C’est d’ailleurs un ancien cadre de Facebook qui rejoint l’équipe Obama pour développer sa stratégie sur les réseaux sociaux : son nom, Chris Hughues, il a 25 ans. Facebook était un outil totalement nouveau qui rompait avec tout ce qui se faisait avant en politique. L’équipe de Barack Obama va utiliser aux techniques du Big Data pour étudier les listes électorales. Le Big Data leur permet d’analyser les données collectées par les électeurs, leurs votes et cibler ainsi précisément leurs attentes. Barack Obama était le premier à se rendre compte à quel point cela pouvait l’aider pendant sa campagne.
A Chicago, le 4 novembre 2008, Barack Obama est élu président des Etats-Unis avec une majorité écrasante. Ce fut bien sûr une énorme satisfaction dans la Silicon Valley. Ils ont compris pour la première fois qu’il avait un allié de poids à la Maison Blanche. Obama doit en partie cette victoire à ses alliés de la Silicon Valley. C’est avec eux qui souhaitent dès à présent asseoir son pouvoir. Ainsi, Obama donne un coup d’accélérateur au développement de la Silicon Valley. Les entrepreneurs du technopole franciscanais sont devenus des partenaires incontournables de Washington. Ils vont à leur tour bénéficier du soutien de la Maison Blanche pour conquérir le monde. Alors que toute l’économie américaine est touchée par la crise, l’industrie du numérique est florissante. Des liens entre la Maison Blanche et la Silicon Valley ont été mis en place pour asseoir une puissance technologique afin de positionner comme les leaders de l’économie, de l’Internet et des données.
Un nouveau capitaliste est créé : un capitaliste numérique. En 2011, Obama participe à une réception privée en compagnie des grands patrons de la Silicon Valley. Mark Zuckerberg - le PDG de Facebook -, Steve Jobs - le fondateur d’Apple - ou encore Eric Smichdt - le représentant de Google. Ce repas est le symbole de la reconnaissance de ses puissances par le pouvoir politique. Cette réunion souligne l’idée explicite de collaboration.
Cette alliance entre Washington va dépasser le cadre du développement économique. Les géants du numérique ont en leur possession une masse d’informations sur tous les internautes qui intéressent le renseignement américain. En 2012, un lanceur d’alerte va révéler un scandale d’état.
Connexions dangereuses
A Rio de Janeiro, au Brésil, en décembre 2012, Glenn Greenwald, un journaliste américain basé au Brésil, vient de recevoir un message anonyme. Ce message indiquait que l’expéditeur avait un scoop. Un scoop qui peut être dévoilé seulement en utilisant une messagerie cryptée. Les conversations ont continué entre le journaliste et l’auteur de ce premier message, qui a souhaité rencontrer Glenn à Hong Kong. Pour prouver sa bonne foi, l’informateur fait parvenir au journaliste des documents qui parviendraient de la NSA, l’agence de renseignement la plus secrète des États-Unis. L’agence américaine aurait mis en place un système occulte de surveillance de la population. Le journaliste prend la situation au sérieux et décide de le rencontrer.
Le rendez-vous a lieu quelques jours plus tard dans un palace de Hong Kong. Le journaliste est accompagné d’une réalisatrice de films documentaires. Il veut filmer l’ensemble des entretiens avec
le mystérieux informateur. Glenn Greenwald pouvait le repérer grâce à son code de reconnaissance, un Rubik’s Cube. Il se retrouve dans sa chambre d’hôtel. L’informateur ne voulait pas être
entendu : les téléphones portables ont donc été placés dans un endroit anti-ondes. Edward Snowden leur confie l’ensemble des documents qu’il a en sa possession. Ils révèlent les détails de ce vaste programme de surveillance
illégal mis en place par la NSA. L’agence de renseignement américaine a accès à toutes les données personnelles des utilisateurs d’Internet et ce dans le monde entier. Tous ces documents
décrivent la mission de la NSA : « Prenez-tout. ». Cependant, pour que la NSA récupère toutes ces données, il a bien fallu que quelqu’un lui en donne accès. Ce sont les géants du
numérique. Oui, ceux qui se sont engagés à protéger nos documents personnels, nos e-mails et notre activités sur les réseaux sociaux, qui auraient laissé aux renseignements américains un libre
accès à toutes ces données. Ainsi, les ingénieurs de ces entreprises ont permis à la NSA d’accéder à leurs serveurs. Sous le choc, en juin 2013, Glenn Grennwald publie dans The Guardian
un premier article sur ce qui va devenir l’affaire Snowden.
Dès le lendemain de l’annonce de l’affaire Snowden dans les médias américains, Barack Obama est contraint de réagir. Embarrassé, le prédisent américain tente de se justifier en évoquant la lutte anti-terroriste et les attentats du 11 septembre. Les aveux du leader de la Maison Blanche embarrassent aussitôt les géants du web qui vont immédiatement se dédouaner. Pour échapper aux autorités américaines, Edward Snowden est exfiltré de Hong Kong, l’affaire prend une dimension internationale. Tous les jours, de nouvelles révélations lèvent le voile sur ces anciens échanges entre les géants de la Silicon Valley et le renseignement américain. Les outils qu’ils avaient créés pour donner plus de pouvoir aux individus sont devenus des outils au service d’un système d’espionnage globale et d’analyse des comportements humains. Cela a donné naissance à une surveillance d’État. Il faudra attendre 5 ans après l’affaire Snowden pour que l’opinion publique comprenne que nos données personnelles peuvent servir à nous manipuler, voire à nous contrôler.
C’est d'ailleurs la collecte illégale des données de millions d’américains qui est au cœur de l’audition de Mark Zuckerberg en avril 2018. Des données qui auraient été utilisées à des fins politiques. Mark Zuckerberg doit ainsi s’expliquer sur les relations que son entreprise a entretenues avec Cambridge Analytica, une société de conseil en politique basée à Londres. C’est cette société qui a collecté les données d’utilisateurs Facebook pour les influencer dans leurs votes et ainsi faire gagner Donald Trump. Le patron de Facebook endosse la responsabilité des fautes commises, mais il suggère surtout l’idée qu’il sera le seul à devoir régler ses problèmes à l’avenir. Il est selon lui le seul garant du bon fonctionnement de sa plateforme et de son impact sur le bon déroulement de la vie démocratique. La question d'un sénateur met mal à l’aise Mark Zuckerberg car s’il est attaché à sa vie privée, il ne l’est autant pour celle de ses utilisateurs. D’ailleurs, dans les semaines qui ont précédé son audition, la presse a ressorti des échanges qu’il a eus avec un de ses amis après la création de Facebook, 14 ans plus tôt, révélant le but recherché de Facebook : la collecte de données personnelles Sur les 41 sénateurs qui interrogent Zuckerberg, ils sont 35 à avoir touché de l’argent de Facebook. Plus de 11 millions de dollars ont été dépensés en lobbying par la firme en 2017 pour s’attirer les faveurs des législateurs et éviter les risques de régulation. Il y a une autre raison pour laquelle le PDG de Facebook est certain que les parlementaires américains ne s’attaqueront pas à Facebook. C’est l’intérêt stratégique que son entreprise représente pour les États-Unis au même titre que tous les géants de la Silicon Valley, les GAFAM. Car si Google et Facebook ne sont pas démantelés, c’est parce qu’ils sont utiles au pouvoir américain, c’est une façon s’asseoir l’hégémonie américaine. Si les États-Unis affaiblissent leurs géants du numérique, la Chine, qui ne va pas toucher à ses propres géants les BATX, va devenir la première puissance numérique. Les États-Unis ne toucheront pas à leurs géants du numérique. Et le questionnement du monopole de Facebook ne sera jamais abordé par les sénateurs. Aucune sanction sérieuse ne sera prise à l’encontre de Mark Zuckerberg et de sa plateforme. Alors, cette audition était-elle un jeu perdu d’avance ? La réelle punition, c’est la réputation de Facebook. Le passage au sénat de Mark Zuckerberg va avoir un impact sur le nombres d’utilisateurs de Facebook. La plateforme va perdre en audience. Pourtant, pendant son audition, Mark Zuckerberg aurait gagné près de 3 milliards de dollars. La machine Facebook et ses actions sont repartis à la hausse. La prestation de son jeune patron est saluée par les investisseurs. Le scandale est derrière lui, il reste le seul maître à bord, comme tous les autres patrons de la Silicon Valley.
L’affaire Snowden montre surtout que les entreprises du numérique ont fini par avoir un tel pouvoir, qu’elles sont aujourd’hui au-dessus des lois, des gouvernements. La plupart des grands patrons ont à peine 35 ans. Ils ont bâti des empires, ils sont assis sur des fortunes colossales. De quoi peuvent-ils rêver maintenant ? tout à simplement de façonner le monde à leur image avec tous leurs moyens.
Les maîtres du futur
Le 22 mai 2012, une fusée décolle de Cap Canaveral, la base de lancement spatial de la NASA. Mais, cette fusée n’appartient à l’agence gouvernementale américaine. Elle est la propriété d’une société privée : SpaceX, qui a réussi en quelques années à devancer la plupart des programmes spatiaux internationaux. Derrière SpaceX, un homme : Elon Musk. Il a fait fortune dans les années 1990 en créant X.com, une banque en ligne qui va fusionner avec Paypal, le premier système sécurisé en paiement en ligne. Avec une fortune de 20 milliards, il a décidé d’investir dans les projets les plus incroyables en créant le constructeur d'automobiles électriques Tesla et sa société SpaceX. En à peine 15 ans, Elon Musk est devenu l’un des acteurs majeurs de la conquête spatiale. Il est le seul à être capable de lancer des fusées réutilisables. Il ne s’arrête pas là. Il a un projet encore plus fou, il souhaite coloniser la planète Mars. Selon lui, l’homme sera capable de s’installer sur Mars. Il constate que la NASA n’a aucun projet réel de colonisation. Elle n’envisage que de l’exploration, alors il se lance dans l’aventure pour inciter les autres à s’intéresser à Mars. De plus, le rêve d’Elon Musk devient réalité puisque SpaceX a remporté un contrat avec la NASA au début de l’année 2020.
Cependant, Elon Musk n’est pas le seul milliardaire de la Silicon Valley à avoir de telles ambitions. Le voici à côté des géants de la technologies ; les fondateurs de Facebook, Amazon ou encore Microsoft. Tous ont en commun une fortune colossale et une folle envie de changer le monde. Ces milliardaires ont conscience de la porté des problèmes auxquels le monde est confronté et des prochains défis pour l’humanité. Bill Gates, par exemple, devenu l’un des hommes les plus riches au monde grâce à ses logiciels qui inonde la planète, a réinvesti près de 44 milliards de dollars dans sa fondation humanitaire, un budget plus important que celui de l’Organisation mondiale de la santé. Son rêve, éradiqué la faim dans le monde et les épidémies. En 2020, Bill Gates est même accusé d'être à l'origine de la COVID-19.
Les géants du numérique ne semble plus avoir aucune limite à leurs ambitions. En 2013, ce sont les fondateurs de Google qui investissent une fortune dans la recherche génétique, convaincu de trouver d’ici quelques années le secret d’immortalité. Autre ambition celle de Mark Zuckerberg qui promet un meilleur avenir à l’humanité en investissant massivement dans l’intelligence artificielle, après avoir racheté la société de casques de réalité virtuelle Oculus en 2014. La bataille de l’intelligence artificielle est la principale bataille technologique, militaire, financière du XXIème siècle. Celui qui contrôle l’intelligence artificielle fera les meilleures voitures qui se conduisent sans conducteur, il fera aussi les meilleurs logiciels médicaux pour augmenter notre espérance de vie. L’intelligence artificielle est le cœur de toutes les industries demain. C’est la raison pour laquelle les géants du numérique investissent dans plein de domaines : l’automobile, la génétique, l’espace, et ce n’est que le commencement.
Toutes ces raisons sont créatrices de projets qui ressemblent à la science-fiction. Ces projets sont pourtant bien concrets et bénéficient de ressources considérables, dessinant les contours de la société de demain, une société entre les mains d’une poignée de milliardaires à l’imagination sans limite. Ainsi, les géants de la technologie pensent qu’ils vont changer le monde et que personne ne pourra s’y opposer, et certainement pas les politiques...
Texte : Julien