Tout le monde les connaît sans vraiment les connaitre ! Les Gaulois, ayant vécu en France il y a peu plus de 2 000 ans, véhiculent dans notre imaginaire collectif un ensemble de caractéristiques hérité du « roman national » français construit en grande partie au XIXe siècle. Retour sur un ensemble de mythes entourant les Gaulois .
Les Gaulois étaient-ils des celtes ?
Premièrement, les Gaulois ne se reconnaissaient pas comme tel. Selon Laurent Olivier, conservateur en chef du musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, C’est Jules César, dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, qui parle d’un seul peuple gaulois uni sur un territoire regroupant la France, la Belgique, une partie des Pays-Bas, de l’Allemagne, de l’Italie et de la Suisse. Sur ce large territoire cohabitaient des groupes différents : les habitants du centre de la Gaule se revendiquer comme Celtes (avec différents peuples : Arvernes, Redones, Santons, Rèmes…), les habitants de l’Aquitaine actuelle comme des Aquitains (plutôt de culture ibérique), … Le plus célèbre des consuls romains appelait « Belges » un ensemble de peuples du Nord de la Gaule.
Les Gaulois parlaient une langue celtique proche de l’irlandais ou du breton. Aujourd’hui, dans la langue française, on retrouve certains mots d’origine gauloise comme « gaillard », « javelot », « char » ou « chêne ». Par ailleurs beaucoup de noms de villes sont d’origine gauloise comme Lyon qui vient de « Lugdunum », la colline (dunon) du dieu « Lug ».
Portaient-ils une moustache, des longs cheveux et un casque ailé ?
Non, contrairement à l’imaginaire collectif provenant notamment de la bande dessinée Astérix, les Gaulois se rasaient ! Hommes et femmes prenaient grand soin de leurs cheveux qu’ils tressaient dans des coiffures sophistiquées et de leur peau. Les archéologues ont retrouvé plusieurs pièces de monnaie des représentants imberbes.
Quant aux casques ailés, ce mythe provient d’une erreur d’interprétation : au XIXe siècle lors des premières fouilles, les archéologues ont cru que les bandes métalliques qui protègent les joues étaient des ailes pour orner leurs casques.
Mangeaient-ils du sanglier et leur animal fétiche était-il le coq ?
Contrairement à un petit village fictif peuplé d’irréductibles gaulois, en réalité les Gaulois mangeaient très peu de bêtes sauvages. Ils faisaient des élevages d’animaux et cultivaient diverses céréales et légumes et fruits. Par ailleurs, le coq n’était pas leur animal fétiche, ni leur emblème. L’assimilation du coq avec le peuple gaulois est liée au latin utilisé par les Romains : « coq » et « gaulois » se disent de la même façon : « gallus ». Jules César a fait un parallèle entre les deux. A la Renaissance, des écrivains imaginent que cet animal était l’emblème de la Gaule. Au XIXe siècle, notamment sous la IIIe République, le coq devient alors le symbole des Français, « descendants » des Gaulois notamment dans les manuels scolaires.
Les gaulois, de sacrés inventeurs !
Contrairement à ce que les écrits des Romains ou des Grecs (principales sources de l’Antiquité que l’on possède sur les Gaulois), ces derniers ne passaient pas leur temps à se battre. Ils étaient de valeureux guerriers mais aussi des inventeurs et artisans. Selon les récentes recherches archéologiques, ils sont à l’origine de nombreux outils agricoles comme la moissonneuse, la faux, la serpe. Mais aussi des braies (ancêtre du pantalon), du fer à cheval clouté, du tonneau cerclé ou encore du saucisson.
Ils étaient d’excellents artisans qui travaillaient le bois, le fer, la terre. Ils vendaient leurs produits à travers l’Europe. La Gaule était l’un des carrefours commerciaux de l’Empire romain.
La Guerre des Gaules
Un des épisodes les plus célèbres de l’histoire des Gaulois est sans doute la Guerre des Gaules. Contrairement à une idée reçue, La Gaule n’était pas unie contre les romains. Vers -60, la Narbonnaise ( le sud de la Gaule) est une province romaine, de nombreuses tribus sont en bon terme avec les Romains comme Les Eduens ou les Avernes. La République romaine est alors fragilisée par une concurrence entre Crassus, Pompéi et César. Le Sénat décide d’envoyer en provinces romaines de Gaule, ce dernier pour les diriger.
En -58, les Eduens demandent l’aide de César pour se défendre contre les Helvètes et les Germains, le consul romain utilise ce prétexte pour conquérir le reste de la Gaule. Il soumet les peuples gaulois les uns après les autres.
Mais, à partir de -54, il fait face à plusieurs rébellions dont celle d’Ambiorix ( roi des Eburons, une tribu du nord de la Gaule). Puis, en -52, Vercingétorix, ancien allié des Romains, parvient à fédérer une grande partie des tribus gauloise pour mener la rébellion. La suite vous la connaissez, Vercingétorix remporte une bataille à Gergovie puis il se rend à César au terme du siège d’Alésia. En -51, César finit de soumettre la Gaule et écrit son livre à sa gloire :
La construction du mythe gaulois
Jusqu’au XIXe siècle, peu de personnes s’intéressant aux Gaulois mais avec la Révolution française, un tournant a lieu. Des historiens du XIXe siècle comme François Guizot, affirment que la révolution était un affrontement entre les francs (noblesse) et les Gaulois ( le peuple) pour justifier la révolution française. Puis face une nation fracturée entre républicains, monarchistes et bonapartistes, les Gaulois incarnent des héros nationaux rassembleurs. Vercingétorix devient un héros national, réussissant à unifier la Gaule contre l’envahisseur romain. On fait des Gaulois les « ancêtres » des Français, des héros résistant à l’envahisseur romain et des défenseurs de l’indépendance de la Gaule dans les manuels scolaires.
Cette utilisation des gaulois pour construire un roman national est également lié aux recherches archéologiques menées au cours du siècle notamment dans les années 1860 sur le site d’Alésia. Ses recherches révèlent de nombreuses choses sur les gaulois et font découvrir aux Français la figure de Vercingétorix. Napoléon III, qui avait commandé ses fouilles pour s’associer à la figure de Jules César, utilise la figure du guerrier arverne. Il fait ériger une statue de ce dernier sur le site de la bataille. Il imagine Vercingétorix à son image, celle du gaulois « idéal » : décidé, fier, dans la défaite, longs cheveux, moustache, casque ailé… En réalité, il n’existe pas de trace archéologique liée au portait physique du guerrier gaulois.
Texte : Tom
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