Les BD sur grands écrans 3/4
Après deux films tirés de l’univers des Profs, Pierre-François Martin-Laval (alias PEF) adapte une des bandes dessinées les plus cultes : Gaston Lagaffe. Retour sur un long métrage basé sur un pari risqué au vu de l’univers et du format de la BD.
Créé en 1957 par Franquin, Gaston est l’employé de bureau fainéant et créatif le plus célèbre du 9e art. L’univers de Gaston se situe dans les bureaux du journal Spirou (magazine où les planches de Gaston ont été publier avant d’être réunis en différents albums !). Franquin est l’un des plus grands auteurs de bandes dessinées franco-belges de l’histoire. Il est l’auteur de nombreuses BD Spirou et Fantasio et le créateur de Gaston et du Marsupilami. L’univers de Gaston Lagaffe est délirant, rempli de personnages haut en couleur et de gags qui font toujours mouche. Au de là de l’humour, Franquin s’est engagé pour de nombreuses causes notamment la cause écologique, à travers le personnage de Gaston Lagaffe. De nombreuses planches font référence aux problèmes environnementaux. Il associe son personnage aux actions de GreenPeace, Unicef et Amnesty International. Le succès de la BD grandit avec le temps., aujourd’hui Gaston est l’un des personnages les plus célèbres de la BD franco-belge.
Une première adaptation non officielle de Gaston Lagaffe sort en salles en 1981 et est intitulé Fais gaffe à la gaffe ! Elle fut réalisée par Paul Boujenah. Franquin, qui ne souhaitait pas que sa bande dessinée soit portée au cinéma, a autorisé l'utilisation des gags et des situations de Gaston. Mais, il n'a pas autorisé l'utilisation des noms des personnages.
En 2018, une nouvelle adaptation, cette fois-ci officielle, est réalisée par PEF avec Théo Fernandez en Gaston, PEF joue Prunelle, Arnaud Ducret l'agent Longtarin, Jérôme Commandeur monsieur De Mesmaeker et Alison Wheeler mademoiselle Jeanne. Le budget du film est de 18, 7 millions d’euros. Voici le synopsis : « Prunelle rentre de congé et retrouve l'entreprise Au peticoin, une start-up, qu'il dirige en l'absence du patron. L'entreprise est spécialisée dans la reconversion créative d'objets présentant des défauts de fabrication. Un nouveau stagiaire, Gaston, accumule les gaffes. Paresseux, il est aussi très créatif pour aider ses collègues, mais ses inventions et ses fantaisies se terminent souvent en catastrophes. En particulier, il cause sans le vouloir à plusieurs reprises l'échec des négociations avec monsieur De Mesmaeker. Celui-ci voudrait racheter cette entreprise prometteuse pour une très forte somme, ce qui permettrait à chaque employé d'empocher un dividende confortable. »
Notre analyse du long-métrage va se concentrer sur deux points : l’adaptation visuelle et le scénario. En effet, adapté la BD en question au cinéma pose deux problématiques majeures : comment rendre « cinématographique » un univers et des personnages délirants ? Comment faire un scénario basé sur la bd alors que cette dernière repose sur des gags d’une planche (1 page seulement) ? Adapter Gaston est donc un pari risqué.
Au final, Gaston Lagaffe se révèle être un film plus que moyen mais dont une passion pour l’univers qu’il adapte se dégage au visionnage. Premièrement, PEF fait le choix de transposer l’univers de Gaston à notre époque moderne et dans les locaux d’une start up loufoque qui rend « l’inutile utile ». Les décors du film sont donc loin de ceux de la bande dessinée. Gaston est comme plongé dans notre monde. Cependant, il y intègre les éléments et personnages caractéristiques de la BD : la fiat 509 jaune et l'agent Longtarin tentant de la verbaliser, le gaffophone, les tentatives inépuisables de signatures de contrat de M. De Mesmaeker,….L’adaptation va jusque dans la posture de Théo Fernandez en « S » caractéristique de Gaston. Bref on retrouve certains éléments de la BD mais avec des partis pris et de nombreuses libertés.
Pour ce qui est du scénario il est plus une excuse pour multiplier les scènes humoristiques qu’une véritable histoire. On note cependant certaines références et analyses sur la « start up nation » et le monde du travail dans sa globalité qui sont parfois intéressantes. Les scènes d’humours sont souvent loufoques et très visuelles, caractéristiques des films de PEF. On en ressort avec l’impression d’avoir plus vu un enchainement de sketchs plus ou moins réussis, inspirés de l’univers de Gaston, qu’un véritable film.
En conclusion, le film Gaston Lagaffe, malgré une passion sincère pour l’univers de la BD, ne parvient pas à éviter certains problèmes caractéristiques des adaptations de BD franco-belge.
Prochain épisode: Sur la piste du Marsupilami
Texte : Tom
Photos : images du film
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